Edito

L’écoute est une vertu

L’écoute est une vertu 1

Mahamat Idriss Déby est sans doute rentré de Paris le cœur léger. En plus des questions sécuritaires, il a pu arracher à Emmanuel Macron une aide budgétaire qui sera l’accompagnement de Paris pour une transition « inclusive, apaisée et réussie conformément aux dispositions adoptées par l’Union Africaine ». Même si le montant de cette aide n’est pas encore connu, il provoquera un appel d’air chez les autres partenaires qui ont, du reste manifesté de bonnes dispositions à nous accompagner.
Reste que ces bonnes nouvelles n’excluent pas les inquiétudes assez graves qui montent au sujet de la conduite des affaires du pays depuis plus de trois mois. Les derniers à élever la voix sont les responsables de l’église catholique qui ont clairement désapprouvé la démarche du gouvernement qui procède à la hussarde dans la conduite de la transition. Les conditions de l’organisation du dialogue politique dont la charpente du comité d’organisation vient d’être dévoilé doivent être revus de manière à ce que toutes les composantes de la nation participent à ce grand-messe refondateur du Tchad. Le parlement de transition ne doit être désigné que par cette messe et non pas par le chef de la junte sur la base de simple Cv comme le gouvernement est entrain de faire. Parce que les conseillers de la République qui siègeront au sein de ce parlement provisoire auront entre les mains le futur du Tchad. Ce recadrage qui rejoint celui de plusieurs partis politiques et associations de la société civile mérite d’être pris en compte si l’on tient vraiment à une transition « réussie ».
Les acteurs en dehors du gouvernement doivent aussi, pour une fois se mettre aussi mettre en avant l’avenir du Tchad au-dessus des intérêts matériels immédiats. En français facile, la prochaine conférence de réconciliation nationale doit ressembler à la conférence nationale souveraine de 1993 et non aux fora inclusifs de 2018 et 2020.
La communauté internationale dont la contribution est aussi attendue doit aider non seulement financièrement mais par un soutien conséquent au dialogue politique si elle tient à la stabilité de l’îlot Tchad dans un Sahara en passe de devenir la Syrie.
Si tous ne font pas l’effort d’écouter les avertissements qui fusent de partout pour donner des fondements solides au pays, ils entreront dans l’histoire par la porte de ceux qui n’ont pas su entendre la voix de la vertu et de la raison.

La Rédaction