On ne sait jusqu’où et quand durera l’angoisse des travailleurs d’Esso-Tchad, la filiale du major américain Exxon-Mobil, principal actionnaire du projet pétrolier du bassin de Doba. Angoisse parce que le personnel ne sait toujours pas à quelle sauce il sera mangé à l’occasion du rachat des actifs d’Exxon-Mobil par le junior britannique Savannah. Las d’avoir cherché des réponses en interne, ils s’en sont remis aux autorités qui n’ont obtenu que la suspension de la grève que le personnel projetait et un retour à la table des négociations sans trop de garantie. Pour le personnel, en partant, leur employeur doit solder les droits et laisser libre choix à ceux qui souhaitent ou pas poursuivre l’aventure avec la nouvelle structure. Chose que l’employeur ne semble pas gober et manœuvre pour ne pas s’y plier. Une situation qui ressemble étrangement à celle du personnel de Tigo lors du rachat par le marocain Moov…
Même si on ne peut, pour l’heure deviner l’issue de ce qui n’est autre qu’un bras de fer entre Esso et ses employés, il faut déjà dénoncer le sentiment d’insécurité que vit le personnel tchadien de cette compagnie.
Un sentiment alimenté par la crainte de se voir lâché par leur gouvernement qui a montré plus d’une fois qu’il ne privilégie que rarement les intérêts de ses citoyens.
Un sentiment alimenté par le niveau de corruption qui fait craindre un arrangement louche, les majors sont champions en la matière, au détriment du personnel.
Un sentiment alimenté enfin par l’absence d’une législation spécifique au personnel du secteur pétrolier comme c’est le cas dans les pays qui ont su tirer profit de leurs expériences dans la gestion des hydrocarbures.
Or au Tchad, pour celui qui a suivi l’évolution du projet pétrole, le souci du pouvoir n’a été porté que sur les ressources que pouvait générer le projet au trésor et jamais celui des populations qu’ils soient employés dans les compagnies ou populations de la zone pétrolière. Et ce ne sont pas les ex-employés de Tchad-Cameroun Constructors (Tcc) qui diront le contraire.
C’est que le gouvernement gagnerait, c’est de signifier clairement à Esso de solder les droits de son personnel, dédommager voire réparer les dégâts commis par près de vingt ans d’exploitation pétrolière sur la faune et la flore du bassin de Doba avant de signer le ticket d’entrer de Savannah. De nombreuses expériences à travers le monde ont montré que tôt au tard, les actes de tricheries sont rattrapés avec à la clef des procès. Pour les gouvernants qui auront ratés ce genre de rendez-vous, l’histoire retiendra simplement qu’ils n’ont pas su marquer leur passage à la tête de l’Etat.
La Rédaction