La mort du Maréchal suivi de la mise en place du conseil militaire de transition (Cmt) a entrainé un branle-bas dans le landerneau politique. Au choc des premiers jours a suivi un jeu de positionnement qui a permis à certains de se retrouver dans l’exécutif, d’autres d’espérer intégrer les organes de la transition. D’autres plus circonspects ont choisi de se mettre à l’écart exigeant le retour à l’ordre constitutionnel.
Dans cette situation d’incertitude politique où majorité et opposition sont fondues, on parlera désormais de pro et anti Cmt. Dans la première catégorie se retrouvent les repêchés du système Déby père, des opposants et membres de la société civile ayant choisi de « faire évoluer les choses de l’intérieur ». De l’autre se retrouvent le reste de l’opposition et de la société civile qui ont choisi la résistance et qui, malgré la mise en route apparente de la transition exigent un retour à l’ordre constitutionnel. Ceux-là vont encore manifester samedi et on verra comment réagira le gouvernement de transition face à la rue.
Quelle sera sa marge de manœuvre face au Cmt qui s’est accaparé les pleins pouvoirs (Lire notre analyse en page 7) et sa capacité à prendre en compte le désir de la population à sortir et manifester son mécontentement sans subir la furie des forces de l’ordre tirant à balles réelles.
Ce qui est sûr, une page importante de l’histoire se joue en ce moment et au-delà de la recherche du profit immédiat, c’est la posture de chaque acteur pour le devenir du pays qui importe. Ce dont le Tchad a besoin pour demain, c’est une refondation sur des bases solides. Ces bases, ce sont un dialogue qui aboutissent à la mise en place d’institutions qui garantissent l’égalité de tous les Tchadiens en droits et devoirs. Cette occasion a été manquée dans la mise en œuvre des résolutions de la conférence nationale souveraine de 1993. Patiemment et par petites touches, Idriss Déby Itno a sapé l’édifice démocratique pour se retrouver seul maître à bord. Et la tentation du pouvoir absolu a suivi avec tous les abus qui l’accompagnent.
C’est le risque que courent les acteurs politiques surtout ceux qui ont cru bon devoir cautionner le Cmt en espérant le changer ou faire changer les choses face à un système qui cherche manifestement à survivre à la mort de son géniteur.
Pour le camp d’en face, l’impératif est de maintenir la pression pour obtenir, au-delà de la démission du Cmt, un dialogue politique inclusif pour refonder les bases d’un Tchad nouveau. Pour y arriver, il faudra du sang et des larmes. Le sacrifice vaut la peine. Et ce sera la meilleure façon de se mettre du bon côté de l’histoire.
La Rédaction