La présidentielle du 11 avril 2021 n’a pas encore livré son verdict au moment où ces lignes sont écrites. Mais point besoin d’attendre la publication des résultats, qui ne font aucun doute, pour tirer les leçons de ce qui s’est passé dimanche dernier.
Ce qu’il faut retenir de ce scrutin, c’est une volonté réelle de changement qui s’est manifesté dans l’indifférence que les populations ont affichée vis-à-vis des bureaux de vote où dès la fin de la matinée, les agents électoraux en étaient réduits à roupiller. Cette situation est la conséquence d’un travail de fermeture de l’espace démocratique entamée depuis bien longtemps mais dont le dernier acteur majeur est le secrétaire général du mouvement patriotique du salut. Depuis son retour en grâce, après une traversée du désert consécutif à des condamnations pour détournements, celui-ci a été jugé par le chef de l’Etat comme le plus à même d’accomplir la besogne.
L’entreprise a commencé par le renvoi du cadre national de dialogue politique de toute la crème susceptible de contribuer au débat démocratique. Qu’ils soient de l’opposition ou de la majorité, les chefs de parti qui siègent au sein de cet organe n’y vont que par la seule volonté du patron du Mps avec, bien sûr, la bénédiction d’Idriss Déby. Ce dévouement du jeu politique s’est poursuivi dans la désignation des membres de la commission électorale nationale indépendante ainsi que l’acquisition du matériel électoral sur fonds de clientélisme avec le résultat que l’on connait. Un processus électoral boycotté, des dysfonctionnements qui obligent même les observateurs, d’ordinaire si réservés à émettre des recommandations qui vont au-delà de l’organisation du scrutin. Ainsi pour l’Union Africaine, la communauté économique des états de l’Afrique centrale et la communauté des états sahélo-sahariens, le Tchad traverse une crise politique qu’il faut résoudre au-delà des élections. Cela ne peut se faire que par un dialogue politique ainsi que le revendiquent les acteurs politique depuis des mois. L’entêtement du pouvoir à ne pas les écouter a fait le lit de la tentation insurrectionnelle manifestée par les mouvements de désobéissance civique et ces jours-ci le retour de la guerre. MIDI comme on le connaît tentera de manœuvrer en divisant les forces en face. C’est ce qu’il a commencé en recevant les diplômés sans-emplois espérant ainsi dégarnir les rues les samedis. Mais cela suffira-t-il à lui redonner la légitimité perdue au cour de ces longues années de règne ? Pourra-il, avec toute la bonne volonté du monde, rendre vertueux un système qu’il a fait prospérer par l’injustice et la corruption ? Assurément pas. Même s’il a réussi à s’accorder un sixième mandat, la Maréchal du Tchad n’a d’autre choix que d’entamer le processus d’un dialogue qui lui offrira une porte de sortie honorable. A moins qu’il ne soit déjà frappé par le signe indien qui colle assez souvent à l’attribut de Maréchal.
La Rédaction