Constatant que la courbe de contamination de la pandémie à coronavirus a substantiellement baissé, les N’Djaménois semblent relâcher les mesures barrières sans en mesurer les conséquences. Pendant que la deuxième vague de la covid-19 est annoncée tambour battant, les étudiants des différentes facultés de la ville étonnent par leurs attitudes.
Il est 8h 20, ce jour 26 novembre 2020, sur l’avenue Pascal Yoadoumnadji menant vers le pont à double voie de Chagoua dans le 7ème arrondissement. La station des bus des étudiants de Toukra fourmillent faisant le pied de grue. Le bus accuse un peu de retard, augmentant la nervosité de ces derniers. Le comble, la capacité du bus censé disposer de 50 places assises, est très vite dépassée. Quelques minutes après près du double de cet effectif d’étudiants prennent d’assaut le bus, dans une mêlée indescriptible : les uns, assis, d’autres debout, s’accrochant comme ils peuvent. Quelques-uns seulement d’entre eux portent le masque grand public, sans aucune distanciation physique, agglutinés les uns aux autres. Le temps d’après, la vieille carlingue s’ébranle en direction de la faculté de Toukra, sous les brouhahas impromptus de ses occupants qui hèlent les autres usagers sur des tons peu avenants. Cette promiscuité est pareille dans les amphithéâtres où se mêlent frottements et bousculades. Tollé de Nodjidéné, étudiante en deuxième année de géographie, se confiant à la sortie de l’amphi : «personnellement je crois en l’existence de la pandémie à coronavirus, mais hélas la plupart de nos condisciples par inconscience, banalisent sa gravité. C’est pourquoi il n’y a aucun respect des mesures barrières ».
A la faculté d’Ardebdjoumal, même scène irréaliste. A l’entrée, le dispositif de lavage des mains est dépourvu d’eau.On entre dans l’enceinte sans s’inquiéter, difficile de distinguer les étudiants des simples curieux qui font d’incessantes navettes sans se faire contrôler. « Les étudiants ne veulent pas porter les masques, et même les enseignants ne le leur exigent pas dans la salle », se désole Noubatessem Julien, étudiant en droit de niveau 2. A la faculté de médecine de Gardolé, par contre, on sent relativement un peu du sérieux : même si la distanciation sociale n’est pas respectée, le port de masque est exigé dans la salle.Les enseignants refoulent les étudiants sans cache nez. « Ici on nous rappelle que nous sommes les futurs hommes de blouse ; un corps soignant doit montrer un bon exemple.La maladie à coronavirus existe, nous devons faire attention en respectant les mesures barrières », rappelle Hassan étudiant en troisième année de médecine.
Le comble de l’incivisme
A l’université Roi Fayçal, les étudiantes sont exposées à tous les risques, car la plupart d’entre elles ne portent pas de masque.Il n’y pas de dispositif de lavage des mains et les gestes barrières ne se sont pas respectés. Se rapprochant de la salle d’histoire, les étudiantes chuchotent entre elles, l’enseignant de géographie est arrivé.Les unes sont pressées pour entrer en salle, tandis que les autres trainent les pas. Le temps d’après, la salle est remplie au bout de 5 minutes, bloquant les aller et retour de la salle. Ce sont au total 236 étudiantes réunies dans une salle prévue au départ pour 80 places place. Du côté de la faculté des sciences exactes et appliquées de Farcha, bis repetita. Le port de masque est négligé et même ceux qui le portent le positionnent sous le menton, laissant à découvert le nez et la bouche. Témoignage glaçant de Allasra Amine, un des pensionnaires : « Moi, je porte le cache nez, mais dans le bus, certains condisciples arrachent le masque de ceux qui le portent, arguant que nous qui portons le masque, jouons aux connaisseurs. Conséquence, dans le bus, peu ou pas d’étudiants portent le cache-nez ». De tels comportements sont incompréhensibles, pourtant l’Oms, exhorte les Etats à se préparer à une deuxième vague. Aussi, revient-il aux pouvoirs publics de faire respecter ces consignes salutaires dans nos différentes facultés. Intensifier les sensibilisations sur l’importance des gestes barrières s’avère prioritaire.Même si, faisant le bilan de la situation épidémiologique lors de son interpellation à l’hémicycle,le 18 novembre dernier, le ministre de la santé publique Abdoulaye Sabre Fadoul, a rassuré les députés qu’un laboratoire d’une capacité de 1000 tests par jour est en cours d’installation, des inquiétudes restent tout de même pendantes. Les élus du peuple quasi-unanimement ont déploré un relâchement dans le respect des mesures barrières, pourtant le mal est là.
Plus que jamais, les étudiants des différentes facultés de N’Djaména doivent tenir compte de ces signaux alarmants et adopter une posture citoyenne pour mieux combattre la Covid-19.
Makine Djama