Le mandat en cours du Maréchal du Tchad est placé sous le signe de la jeunesse et de la femme. La femme rurale et l’entrepreneuriat des jeunes sont le nœud gordien de cette politique dites de développement depuis l’investiture du chef de l’Etat le 8 août 2016. Plus le temps passe, plus les conditions de vies des jeunes et femmes se détériorent considérablement. Les indicateurs socioéconomiques en disent long. Malgré ce volontarisme affiché, on constate que ce sont les petits débrouillards, non intégrés dans le circuit économique qui deviennent de plus en plus nombreux dans les rues de nos villes et campagnes.
Comment sommes-nous arrivés au tournant de l’histoire où l’Etat se retire des affaires faisant place à l’informel ? Depuis les nombreuses crises qu’a traversé le pays, notamment la chute du prix du baril du pétrole et l’application des mesures d’austérités par le gouvernement, beaucoup de jeunes et même des fonctionnaires ont compris la nécessité d’être un entrepreneur indépendant. Les langues se délient pour faire l’éloge des initiatives personnelles de développement économiques dans un environnement hostile à la prospérité.
La création de l’agence nationale des investissements et des exportations par la loi 004/PR/2007 est, certes, pour encourager et promouvoir les investissements et les importations ainsi que l’amélioration du climat des affaires. Le guichet unique a permis de voir le nombre des entreprises en hausses notamment les entreprises individuelles et les PME. On aurait pu se réjouir de l’annonce de nombreux financements en faveur de l’entreprenariat. Mais rien n’exclut que le mode de financement des projets des jeunes promoteurs se fasse sur la base de népotisme et du clientélisme. Au-delà des difficultés d’ordres techniques que rencontrent les jeunes promoteurs, la bête noire reste l’accès au financement. Entreprendre dans un pays comme le nôtre, pourtant plein de potentialités, c’est affronter plusieurs adversités afin de tracer son propre chemin. Les fiscs et les patentes ont conduit à l’inhumation de nombreuses entreprises nationales et étrangères.
En juillet dernier, alors que la pandémie de Covid-19 sévit au Tchad comme partout ailleurs, le ministre des finances a annoncé la disponibilité d’un fonds de 30 milliards pour l’entrepreneuriat des jeunes et femmes. Malgré des annonces ici et là, on ne voit pas l’impact de ce discours politique et au milieu du bas peuple, les effets de la misère se font sentir de plus en plus.
L’entrepreneuriat demeure un secteur transversal, conditions idoine d’insertion socioprofessionnelle et source de croissance économique. Son poids sur la société tchadienne ne sera visible que, quand l’accès à l’internet sera abordable, l’électricité ne sera plus le luxe, l’accès au foncier ne sera pas source de conflits et surtout quand le politique quittera les promesses pour les actions. En attendant, d’appeler les intellectuels victimes de la vulnérabilité économique à entreprendre, donnez leurs aussi la chance d’aller dans des grandes écoles comme les fils et filles des hommes politiques qui ne méritent guère ces écoles. C’est à juste titre que le sociologue camerounais Jean-Marc Ela affirme en ce terme « au moment où les diplômés des universités risquent de mourir d’utilité dans les Etats contraints par des bailleurs de fonds de ne plus recruter, il faut bien constater les limites du secteur informel ».
La Rédaction