Edito

Vous avez dit habitat ?

Vous avez dit habitat ? 1

Le mois qui s’achève est consacré par les Nations-Unies à la question de l’habitat. Le Tchad à l’instar des autres membres de la communauté internationale l’a célébré avec en passant, une déclaration de la ministre de l’aménagement du territoire qui a lâché en passant que grâce à la maestria du maréchal du Tchad, le dispositif pour permettre aux Tchadiens d’avoir accès à un logement décent est en place.

Si on peut concéder à Mme la ministre l’existence des textes et de structures comme la Banque de l’habitat, on lui conseillera d’avoir le triomphe modeste parce que le mécanisme qu’elle évoque est une coquille vide. Depuis qu’il a été créé, la Banque de l’habitat n’a pas accordé un seul crédit logement, chose qui devrait être son cœur de métier. La faute à la non signature du décret lui permettant de récupérer une partie des cotisations de fonctionnaires comme indiqué dans la loi sur l’habitat. Le décret en question, plusieurs fois programmé n’a jamais été examiné en conseil de ministres alors qu’à chaque saison des pluies, les fonctionnaires comme d’autres compatriotes subissent les caprices de dame nature, obligés de se réfugier dans des salles de classes ou des lieux de culte, le temps de remettre debout ce qui tient lieu d’habitation. Il s’agit là de chanceux. Dans l’arrière-pays, ce sont des brindilles et autres tiges de mils séchés qui servent à la construction d’abris facilement balayés par la moindre tornade. La moindre étincelle entraine dans ces contrées des incendies aux conséquences terribles.
En fait d’habitat, il s’agit des maisons en terre construits sur la terre parce que les matériaux durables, objet d’une spéculation menée de main maître, restent hors de portée de la bourse du Tchadien moyen. Même le ciment fabriqué en territoire tchadien depuis bientôt dix ans reste prohibitif et malgré l’appel du Maréchal à réduire son coût, rien n’est fait. Le prix du sac de ciment coûte deux voire trois fois plus cher que d’autres pays de la région. Le sable ramassé dans le lit du fleuve et le gravier concassé à moins de deux cent kilomètres de la capitale sont vendus à des prix qui répondent à tout, sauf la logique. Face à cette situation entretenue, le gouvernement est incapable de réguler tant soit peu les prix et moins encore subventionner les matériaux de construction. Surtout que sur le chapitre du ciment, l’Etat n’a pas été capable de favoriser la concurrence en ouvrant le marché du ciment aux autres entreprises, chose qui mettrait en difficulté l’unique usine de ciment géré depuis son inauguration par un prince.
Comment croire dans ce contexte à la volonté d’un gouvernement de travailler à l’avènement d’un habitat décent?

La Rédaction