Edito

Electricité : l’échec patent du Maréchal du Tchad

Electricité : l’échec patent du Maréchal du Tchad 1

Idriss Déby a avoué il y’a quelques années au détour d’une interview, qu’un de ses bouffons lui a dit qu’en une vingtaine d’années de gestion du Tchad, il a échoué sur deux choses : mettre au pas sa communauté et résoudre le problème de l’électricité.

Le souvenir de cet aveu se fait plus fort en ces jours où, la mise en place d’un comité chargé de la redistribution équitable du peu d’électricité produit pour la capitale, mais si mal libellé que l’opinion déjà blasée s’est déchainé contre le gouvernement à travers la société nationale d’électricité (Sne). Pour l’opinion, mettre en place un « comité en charge de la gestion des délestages » est mal venu, le mot lui-même ayant traumatisé les habitants de la capitale depuis bientôt deux décennies.
Cette réaction de l’opinion sonne plus comme un désaveu de la gouvernance du chef de l’Etat que de l’équipe du ministère de l’énergie qui se démène comme un beau diable pour résoudre une situation dont elle a hérité alors que le pays sort d’une période faste pendant laquelle des ressources considérables ont été engrangés et semble-t-il investis dans les capacités de production de l’électricité. Malgré cette embellie et après 17 ans de production pétrolière, les statistiques indiquent que le taux d’accès à l’électricité est resté à 7% selon les chiffres officiels et 5% selon les pourfendeurs du pouvoir.
Cette situation démontre l’échec de diverses solutions essayées depuis la fin des années 1990 pour sauver les villes tchadiennes des coupures d’électricité. De la reprise de la Sne par le français Vivendi à la mise sous administration provisoire en passant par la mise sous perfusion des partenaires techniques et financiers comme la Banque Mondiale, de nombreuses solutions ont été essayées sans enrayer les coupures qui se sont accentuées au fil des années, si on omet la petite période faste au milieu des années 2010 quand les sociétés productrices d’électricité renforçaient les capacités de la Sne.
Sauf que la force de 10%, c’est-à-dire la corruption extrême a poussé les prestataires à soit débrancher leurs machines, soit à ne pas s’engager pour ceux qui voulaient profiter du taux d’ensoleillement du pays pour proposer de l’énergie propre. Comme il s’agit de gros contrats, il faut des passe-droit, que des gens du sérail intègrent le capital de la société qui doit s’installer à telle enseigne que malgré les initiatives le taux d’accès à l’électricité n’a toujours pas évolué obligeant la jeune ministre, Ramatou Hountoin et son équipe à se jeter corps et âme dans la recherche de solutions qui, en vérité ne nécessitaient pas autant d’énergies. Les délestages ne sont rien d’autres que l’échec de la gouvernance et si la colère populaire ne contraint le pouvoir à laisser les choses se faire, les vers du rappeur Sultan résonneront encore longtemps dans la tête des Tchadiens chaque soir « donnez-nous de l’eau, donnez-nous de l’électricité… ».

La Rédaction