L’avocat de l’ex-ministre de pétrole Me Doumra Manassé a dénoncé ce jeudi 3 septembre les violations des textes dans la procédure contre son client. Pour lui, l’ancien ministre fait l’objet d’un acharnement politique.
L’ex-ministre de pétrole, Djérassem Le Bémadjiel qui est poursuivi pour détournement de deniers publics, utilisation illicite des biens de l’Etat, corruption, atteinte à la fortune publique, abus de fonction et de confiance, enrichissement illicite, complicité de détournement de derniers publics et entrave au bon fonctionnement de la justice et qui a été placé en garde à vue ce mercredi 2 septembre, est selon son conseil, victime d’un acharnement politique.
« Depuis son départ de la tête du ministre de pétrole il y a 4 ans, onze audits ont été réalisés et ces audits ont révélé qu’il n’y a rien », précise Me Doumra Manassé qui déplore que : « curieusement, des lobbys dont il a réussi à faire annuler les contrats ont tout fait pour le faire arrêter ».
L’Etat tchadien réclame à l’ex ministre le remboursement de 28972, 058 dollars américain, de 36. 100 000 francs Cfa et la différence sur le paiement de la facture estimée à 548250 dollars américain d’Alex Steward International, un cabinet d’audit. « On demande au ministre de pétrole à l’époque de couper la tva à la source au trésor. Mais c’est ahurissant, car il n’est pas le ministre des finances moins encore le Trésorier Payeur Général ou agent de l’inspecteur général chargé de collecter les impôts pour le compte du trésor », dénonce le conseil qui ironise : « on aurait dû lui demander de retenir à la source les impôts de tous les salariés du Tchad». L’audit d’Alex Steward International a permis, d’après l’avocat de changer la donne. « Mon client n’était pas encore ministre lorsque ce cabinet a signé un contrat avec le Tchad pour la réalisation de l’audit dans les sociétés pétrolières. Pendant qu’il travaillait, la Cnpcic a fait le déversement sur plusieurs sites entrainant des éléments radioactifs pouvant entrainer le cancer. De concert avec le ministre, le cabinet a proposé une sous-traitance qui est venue faire le travail dans ce domaine. Et cela permis au pays d’être dédommagé à plus de 400. 000. 000 de dollars américains», annonce-t-il. L’avocat trouve curieux qu’on demande à son client de dépenser plus de 500.000 dollars supplémentaires de plus pour la sous-traitance.
D’après l’avocat, la somme de 36. 100 000 francs Cfa demandé par l’Etat constitue une caisse mise à la disposition de son client, « parce qu’il exerçait aussi le rôle politique. Et il n’y a aucun texte qui régit l’organisation et la défense de ce fonds, car les ministres de pétrole ont la libre appréciation de ce fonds. En 4 ans, il y a les forces de défense et de sécurité qui contrôlaient les sites pétroliers et qu’ils ont eu de problèmes et il a pris une partie de somme pour leur donner. Le reste est donné aux organisations et des associations qui ont introduit une demande d’aide, de soutien ou de subvention », renchérit l’avocat qui assure que les décharges et les demandes sont au ministère.
Selon Me Doumra Manassé, son client reste le seul et l’unique ministre de pétrole, expert en matière de l’ingénierie pétrolière. « Ce que ses prédécesseurs n’ont pas décelé il y a une dizaine d’années mon client a pu découvrir et c’est ce qui a amené des alligators qui n’ont pas pu trouver de quoi s’alimenter de l’en vouloir. Il gagnait plus de 15 millions en expatriation lorsque le président de la République lui a demandé de rentrer pour servir son pays. Par patriotisme, il a laissé son intérêt de côté pour rentrer», complète-t-il.
Violation du principe de contradictoire
L’avocat de l’ex-ministre de pétrole s’indigne de la violation de procédure d’arrestation. « Sans convocation, la police débarque et l’embarque violemment sans avoir le temps de s’habiller. Les conditions d’émission de mandat d’amener ne sont pas réunies », car, dit-il « il faut qu’il y ait refus à comparution après plusieurs convocations émises ». L’avocat dénonce en outre le principe de contradiction dans les règles régissant l’organisation et le fonctionnement de l’Inspection Générale d’Etat (Ige). « Parmi les différentes invitations envoyées par l’Ige, il n’y a eu aucun élément à justifier. Mon client avait demandé qu’on puisse au moins l’informer de quoi s’agit-il pour se justifier mais les invitations sont envoyées sans aucun objet », déplore-t-il.
Stanyslas Asnan