Le comité de suivi d’appel à la paix et à la réconciliation (Csapr) a organisé un café politique ce samedi 11 juillet 2020 à l’hôtel Radisson Blu. Ceci pour permettre aux leaders politiques de se prononcer sur les chronogrammes de la commission électorale nationale indépendante (Ceni) et les conditions de déroulement des scrutins d’avril et octobre 2021 au Tchad.
Placé sous le thème « comment réussir les élections libres, crédibles et apaisés en 2021 », le débat est animé et orienté par Nara Antoloum, éditorialiste à la Fm Liberté. Le panel est constitué de : Mahamat Ahmat Alabo, secrétaire général du parti pour les libertés et le developpement (Pld), Abderamane Djasnabaye, président de l’alliance tchadienne pour la démocratie et le développement (Atd), Nekarmbaye Helene, représentante du syndicat du secteur de l’éducation de l’Afrique au bureau exécutif international de l’éduction, et Naldjim Narcisse, journaliste et analyste politique.
Le débat a tourné autour du nouveau chronogramme de la Ceni, du cadre juridique régissant les élections et le renversement de l’ordre des élections selon lequel les présidentielles doivent passer avant les législatives et les communales.
Pour Mahamat Ahmat Alabo, ce chronogramme est la résultante de l’injonction du chef de l’Etat qui a obligé la Ceni à accélérer les choses. « Nous désapprouvons ce chronogramme, car il prouve à suffisance que la Ceni n’est pas crédible, ni indépendante, mais obéit au Maréchal Idriss Deby Itno », a-t-il indiq
« C’est une opération de braquage qui se prépare, car tous les ingrédients se mettent en place quand le chef de l’Etat donne de l’ordre à la Ceni pour se mettre au travail. Le président n’a pas le droit de donner de l’ordre à la Ceni pour qu’elle se mette au travail, le résultat est le renversement de l’ordre des élections », a ajouté Naldjim Narcisse, analyste politique. Raison pour laquelle « les sociétés civiles du Tchad doivent jouer leur rôle de sensibilisation et d’éducation civique sur les questions électorales pour amener les populations à la participation massive mais aussi pour des élections crédibles, libres et apaisées », souligne Nekarmbaye Helene.
Abderaman Djasnabaye, président de l’alliance tchadienne pour la démocratie et le développement (Atd) et membre de la majorité présidentielle approuve le chronogramme « j’ai soutenu et encouragé ce chronogramme », dit-il, avant d’argumenter que la Covid-19 était la cause de la modification du chronogramme initiale de la Ceni. Argument balayé d’un revers de mains par les autres panelistes. Abderaman Djasnabaye invite l’opposition démocratique tchadienne à éviter la politique de la chaise vide qui ne contribue pas au processus démocratique des élections. « L’opposition doit se battre pour que les élections soient libres, crédibles et apaisées, elle ne doit pas se contenter de rester distantes et critiquer », a-t-il précisé.
Au sujet du cadre juridique, les panelistes ont recommandé la modification de l’article 74 du code électoral qui a été modifié clandestinement, refusant de donner les résultats avant 48 heures dans chaque province. Aussi la question de la représentativité est abordée, « l’assemblée nationale illégitime a voté des lois illégales en faveur de la majorité présidentielle. Comment peut-on comprendre que la province comme le BET qui a une population inferieure à un canton dans le Mayo-Kebbi peut avoir 6 députés à l’Assemblée nationale alors que tous les départements les plus peuplés du pays doivent avoir un seul député ? », s’interroge Mahamat Ahmat Alabo. Le panel suggère enfin que les résolutions du forum national inclusif soient revisitées et toilettées, et qu’un dialogue franc soit organisé entre la majorité présidentielle et l’opposition démocratique. Condition préalable pour les élections apaisées au Tchad. Le président de la Ceni invité à cette occasion a décliné l’invitation et aucun membre de la Ceni n’était présent à la table.
Bienvenu Daldigué
