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Les criquets, aliment nutritif contre la malnutrition

Les criquets, aliment nutritif contre la malnutrition 1

Les criquets, aliment nutritif contre la malnutrition

En Afrique, de nombreux peuples consomment des quantités importantes d’insectes parmi lesquels les orthoptères appelés  criquets, grillons ou les sauterelles.  A N’Djaména, la consommation de ces insectes  très prisée des Tchadiens et entre désormais dans les habitudes alimentaires. Les insectes comestibles constituent donc un élément important de la sécurité alimentaire.

Le 25 septembre 2016. Il était 16heures, Nénodji arrive devant une alimentation à quelques encablures de sa maison. Deux femmes vendent de criquets. « C’est succulent. Goûtes,   sa saveur. Tu vas certainement apprécier. Je vous sers la tasse de 250f, 500f et 1000f», lance une  jeune fille debout devant sa table. Entretemps, Nénodji en regardant les criquets stockés dans une glacière transparente. A quelque distance brillent les criquets de couleurs dans l’huile.  Elle commence à saliver.  L’autre vendeuse quitte de sa table et vient à la rencontre de Nénodji. Elle lui tend une assiette contenant  quelques criquets avec du piment et un morceau de citron. Nénodji porte son choix sur les criquets de Achta. « Je veux pour 1000 F », dit-elle. « OK, je vous donne aussi du piment », se renseigne la vendeuse tout en souriant. « Naturellement», répond Nénodji puis elle  prend son emballage et dispose. Entretemps, un groupe de consommateurs assis devant une table remplie de bière harcèle une autre  vendeuse de criquets. « Madame, nous sommes pressés.  Sers nous rapidement pour deux milles francs », vocifère  un jeune devant sa bière. « Un peu de patience et je vous sers s’il vous plait », temporise la vendeuse.  « Je commence à saliver », dit son voisin de table. « J’aime manger  les criquets tous les soirs à cause de la saveur qu’ils donnent »,  déclare un autre  à l’entrée de l’alimentation.

Pour Memlem, vendeuse de criquets au quartier Chagoua, c’est  depuis 6 ans qu’elle vend les criquets. Elle explique comment elle procède à la préparation de cet aliment tant prisé par les Tchadiens. « J’achète tôt les criquets au marché Dembé. Une fois enlever les ails et les pattes, je fais  bouillir puis sécher avant de frire. C’est juste la manière de préparer qui donne de la saveur aux criquets », précise-t-elle.

Abdelsalam Tidjani, maître de conférences en Nutrition et sécurité alimentaire au département de la santé publique à la faculté de sciences de la santé humaine, indique qu’en Afrique, les modes de commercialisation actuels sont propices au développement d’une flore bactérienne et de champignons potentiellement pathogène. Actuellement, ces risques ne sont pas plus importants qu’avec d’autres aliments conservés séchés ou frits. Toutefois, les criquets ont une importance capitale dans l’équilibre de la santé humaine.  Pour lui, la consommation des criquets permet un apport supplémentaire des protéines aux consommateurs.  Ils  contiennent des protéines (48,2g/100g), des lipides (38g/100g), des glucides, (1,1g/100g) et une valeur énergétique de 559 kcal/100g  selon Insect Food, 2014). Les analyses réalisées sur les protéines des insectes ont révélé la présence de tous les acides aminés essentiels. Ainsi, une alimentation variée, mêlant aliments de base et consommation d’insectes améliore la qualité des protéines pour l’organisme, selon une étude menée par l’Organisation des Nations Unies pour l’Alimentation et l’Agriculture (FAO) en 2010. Cette  étude indique également que les insectes sont riches en vitamines (vitamine B) et minéraux (fer et zinc), ainsi que de fortes teneurs en vitamines B et D. C’est pourquoi,  « Ils seraient plus intéressants pour notre santé que la viande bovine. Certains insectes sont également consommés pour leurs vertus médicinales », précise Abdelsalam Tidjani. Pour ce faire,  les insectes complètent les régimes alimentaires d’environ 2 milliards de personnes et ont toujours fait partie de l’alimentation humaine. Cependant, c’est récemment que l’entomophagie (consommation des insectes par les humains) a capté l’attention des médias, instituts de recherche, chefs cuisiniers et autres membres de l’industrie alimentaire des législateurs et autres institutions s’occupant d’alimentation humaine et animale.

Pour FAO, la consommation des insectes peut également être une des solutions pour répondre aux problèmes de la sécurité alimentaire humaine dans le monde et principalement dans la bande sahélienne. Les insectes présentent, des taux de croissance et de conversion alimentaire élevés et ont un faible impact sur l’environnement pendant tout leur cycle de vie. Ils sont nutritifs, avec une teneur élevée en protéines, matières grasses et minéraux. Ils peuvent être élevés à partir des déchets organiques comme par exemple les déchets alimentaires. Par ailleurs, ils peuvent être consommés entiers ou réduit en poudre ou pâte et incorporés à d’autres aliments. L’utilisation d’insectes à grande échelle comme ingrédient alimentaire est techniquement faisable. Il est  largement admis que les insectes fournissent des protéines et des nutriments de haute qualité en comparaison avec la viande et les poissons. Ils sont particulièrement importants en tant que compléments alimentaires pour les enfants sous-alimentés, car la plupart des espèces d’insectes sont riches en acides gras (comparables au poisson). Ils sont également riches en fibres et oligo-éléments tels que le cuivre, le fer, le magnésium, le manganèse, le phosphore, le sélénium et le zinc. Les insectes présentent un faible risque de transmission de maladies zoonotiques (maladies transmises des animaux aux humains) comme la grippe H1N1 (grippe aviaire). C’est en Afrique de l’Est (Ethiopie, Mozambique) et au Tchad que subsistent les plus forts taux de malnutrition et de dénutrition au monde. Car,  elle résulte généralement d’une combinaison de plusieurs facteurs et en particulier d’un manque de ressources disponibles associés à un organisme déjà affaibli ce qui provoque diverses carences, qu’elles soient énergétiques, protéiques ou vitaminiques. Surtout que les prévisions démographiques pour les 100 ans à venir montrent que cette situation ne va pas s’améliorer. C’est pour cette raison qu’il est conseillé de consommer les insectes, précise le spécialiste en microbiologie et sécurité alimentaire.  De ce fait, il conseille la  mise en place d’une institution chargée de la sécurité des aliments ainsi que l’environnement de ces types d’aliments  vendus dans la rue.  Ceci va de la santé des populations.

Bishop Asnan Non-Doum S. et Emmanuel Deuh’b (Stagiaire)