En temps de « paix » comme en temps de crise, rien ne semble arrêter le rappeur Obie G. L’internet aidant, le jeune artiste multiplie des sorties digitales de ses chansons. Considéré comme « l’héritier », Obie G incarne l’espoir du rap au Tchad.
Doté d’une belle plume, d’une présence scénique hors du commun, d’un flow et des textes poignants dressés sur une corde vocale en Ngambaye, Sara, Arabe et Français, Obie G, telle un tourbillon, soulève le public lors de ses passages sur scène. Il est sans doute l’un des rares à réussir à soulever le public dans le milieu du rap tchadien où l’on hoche juste la tête. Mais le jeune rappeur, fidèle à la tradition du rap qui est par essence une musique revendicative, aiguise sa flèche pour atteindre sa cible en dénonçant sans détour les tares de sa communauté de son Tchad natal. Sorti de l’ombre en 2013 grâce au label ‘’Preston Concept Record’’ (un laboratoire de dénicheurs de talents artistiques) lors d’une compétition inter-quartier dénommée “N’Djam/quartier Boss” à l’issue duquel Obie G s’est frayé un chemin qui l’a conduit vers sa véritable passion qu’est le rap. Il s’améliore et commence des collaborations avec plusieurs rappeurs tchadiens.
«… Yaadjama, yaadjama, yaadjama, yaadjama. On n’a qu’à vendre la République, Isaac Tedanbé va avoir sa part, n’accusez pas la France… Nos pères nous ont vendu depuis… ça là c’est quel pays comme ça là…». Son titre ‘’Yaadjama’’, est un coup de gueule qu’envoie l’artiste aux autorités tchadienne pendant que les indicateurs de son pays étaient tous au rouge en ce temps de crise sociale généralisée. Qui peut prétendre faire du rap sans prendre position ? L’artiste a choisi celle du peuple et a violemment critiqué la mauvaise gestion du bien public dans ses textes. Très vite, Obie G a été ‘’adopté’’ par le grand public. Le rap tchadien ne peut se faire sans la case ’’chanson engagée’’, pari gagné pour l’artiste. Ensuite, vint ‘’Mentalité’’, un titre qui n’est rien d’autre qu’une confirmation de l’immensité de son talent. Lauréat de la compétition ‘’NDjam Vi en 2017’’, catégorie hip-hop. Il remporte l’année prochaine le prestigieux trophée du festival ‘’N’Djam Hip-Hop’’. Il est sans conteste au-dessus du lot de la jeune génération de rappeurs qui disent épouser le style du “rap game”, une nouvelle tendance de rap mêlant de l’afro-pop, l’afro-beat et ayant pour particularités les clashes (des insultes qui font parties du jeu) souvent très violents, extravagants, etc. Fatalement peu représenté dans les médias locaux, le rap game demeure très prisé dans le milieu jeune à travers le monde entier.
L’expertise du rappeur consacré KKJ lui a valu une signature en production avec le label “KKJ Entairtement”. Obie G très apprécié signe la sortie de son tout premier album : “Pdm” (Problème de mentalité). Les deux parties n’ont pas pu aller loin. L’album du rappeur n’a pas connu le succès escompté. Quelques mois plus tard, précisément le 07 novembre 2019 Obie G signe à nouveau un contrat de production avec le label “Homeland Empire” du jeune producteur Kandé Njetein, par ailleurs promoteur de la marque de vêtement ‘’Ambition’’. «Une vraie direction artistique commence», se réjouit l’artiste. Pour son nouveau producteur : «Obie G est talentueux et a beaucoup de potentiels. Il est très fort et a une marge de progression pour devenir un artiste complet», dit-il. «Les sons de Obie G sont sur toutes les plateformes de téléchargement légales et d’écoute. Nous travaillons sur un album qui sortira bientôt» ; conclut Kandé.
Avec le label « Homeland Empire », Obie G sort ‘’Ah bon hein…’’ pour parler de son absence sur scène un moment et des rumeurs de sa nouvelle signature de production. Il sort ensuite ‘’Marina’’, ‘’Aboki’’ puis ‘’Eve’’. Son dernier titre est un hommage rendu à toutes les femmes battues, violées voire tuées. Aujourd’hui, l’artiste se dit épanoui et promet une carrière plus intense au grand public. Il n’attend pas la fin de la pandémie de la Covid19 pour ses productions, selon lui.
DEUH’B Zyzou