Dans un communiqué, 55 organisations des producteurs du lait local interpellent à l’occasion de la célébration de la journée mondiale du lait les dirigeants africains à agir pour le développement de cette filière en difficulté suite à la pandémie de covid-19.
Des producteurs laitiers de six africains notamment le Burkina Faso, le Mali, la Mauritanie, le Niger, le Sénégal et le Tchad ont annoncé avoir enregistré des pertes financières et des cheptels dues à la pandémie de Covid-19.
Au Burkina Faso par exemple, rien qu’en mars, le lait Kossam a enregistré une perte de 6.000.000 de Fcfa. Ce qui s’explique d’après les producteurs par les fermetures des frontières et les restrictions des déplacements des personnes à l’interne et l’externe des pays entrainant des difficultés pour la liquidation des produits sur les marchés. « Cette situation ne permet pas de mener les bétails aux pâturages et aux points d’eaux », informe les producteurs le qui déplorent l’émergence des maladies zoo-sanitaires dans les zones transfrontalières. « Cette situation vient accentuer les effets négatifs des problèmes structurels dans cette filière : sècheresse, inondations liés au changement climatique et l’envahissement du marché africain par l’importation massive du lait des certains pays du Nord », précise le communiqué.
Le lait européen bénéficie des tarifs douaniers avantageux permettant ainsi de vendre 30 à 50% moins cher que le lait local. Un phénomène qui fait perdre des emplois aux producteurs du lait local. Pour le directeur régional d’Oxfam Afrique de l’Ouest Adama Coulibaly « la commission européenne investi des centaines de millions pour soutenir les pays du sahel et lutter contre les inégalités, mais elle ne doit pas reprendre d’une main ce qu’elle donne aux autres », précise-t-il.
Cette situation entraine la paupérisation continue des producteurs mais aussi des éleveurs et contribue à la situation de crise alimentaire et de la malnutrition au sein des communautés.
« La crise de la Covid-19 va exacerber la concurrence des poudres de lait importées sur le marché laitier d’Afrique de l’Ouest et du Centre en ce sens que la politique de l’UE visant à subventionner le stockage de la surproduction de lait en Europe engendrera forcement des stockages vers l’Afrique. Ce qui pourrait anéantir les efforts publics visant la construction de la filière dans ces deux régions », explique Hindatou Amadou coordinatrice de la campagne régionale ‘’Mon lait est local’’. Pour elle, l’ampleur de la crise de Covid-19 au sein des communautés d’éleveurs et de producteurs est telle que l’on craint à terme une fragilisation du tissu socio-économique dans son ensemble, avec des risques d’effritement de la cohésion sociale, dans des pays déjà très éprouvés par de multiples crises socio-politique, environnementale, climatique, intercommunautaire ».
Bienvenu Daldigué