Edito

De la cellule au comité, il faut savoir raison garder

De la cellule au comité, il faut savoir raison garder 1

Ainsi donc, la valse de critiques a eu raison de la bande à Kalzeubet et sa cellule de veille sanitaire et sécuritaire chargée de la lutte contre le Coronavirus. Amateurisme et immobilisme doublés d’affairisme sont les reproches faites à la structure au point où, même la majorité sentant le vent tourner sous la pression de l’opinion, s’est fendue d’une sortie pour crier haro sur le baudet.
Idriss Déby Itno, aphone depuis un mois, est sorti du bois pour dissoudre ledit comité le 15 mai dernier pour le remplacer par une nouvelle équipe, plus allégée certes mais pas moins politique. Elle servira de structure de coordination à un comité scientifique qui s’appuiera lui sur des relais provinciaux qui sont des spécialistes. Ce qui en soit est une première victoire pour ceux qui ont critiqué depuis deux mois la gestion chaotique de la riposte à la pandémie.
Dans la foulée, le comité annonce coup après coup, la commande du matériel médical manquant, du Covid-Organics, le médicament malgache qui soigne et prévient de la maladie, des nouveaux laboratoires mobiles pour augmenter la capacité de test et la gratuité des masques jusque-là vendus à 200 francs Cfa dévalué. Des annonces aussitôt saluées même si on attend de voir leur effectivité face à un appareil politico-administratif qui, lui n’a pas changé.
Sans vouloir dédouaner l’équipe de Kalzeubet, il faut se rappeler qu’il est prisonnier d’un système politico-administratif qui ne lui a pas facilité la tâche. Si deux mois après la découverte du premier cas, aucune commande de matériels médicaux n’a été effectuée (contrairement à ce que répète à souhait le ministre de la santé), cela n’est pas entièrement de la faute de la cellule qui du reste, a été neutralisée par la propension à l’affairisme de ses membres.
Aujourd’hui, le circuit de la dépense publique ramène fatalement à une approbation du chef de l’Etat qui n’a pas que la Covid-19 à combattre. Si on ajoute à cet état de fait, la guerre des intérêts et d’influence dans les couloirs du palais, on en conclut qu’en vérité, c’est plus l’hyperprésidence et l’extrême concentration des pouvoirs entre les mains du chef de l’Etat qui explique, en partie, l’échec de la cellule de crise. Et c’est ce qui attend le comité de crise qui a la chance d’être présidé par Idriss Déby lui-même. C’est la leçon politique que nous donne cette pandémie en ces heures où on commémore l’an II de la quatrième République.

La Rédaction