Les enseignants tchadiens célèbrent leur journée sans le sou
C’est sous une haute surveillance des forces de l’ordre que les enseignants ont célébré leur journée mondiale à N’Djaména. Les quartiers Moursal, Ardep Djoumal Paris-Congo, Sabangali et Kabalaye sont quadrillés par les éléments de la gendarmerie, de la police et ceux de la Garde nationale et nomade du Tchad.
Ceci pour faire face à une éventuelle manifestation, selon une source policière. Depuis près de deux mois les enseignants sont en grève d’abord pour revendiquer les arriérés de salaires puis la levée de la mesure relative au gel des primes et indemnités pour juguler la crise. Malgré ce dispositif, les militants du Syndicat des Enseignants du Tchad (Set) sont venus nombreux célébrer leur journée au Cefod à Ardep Djoumal dans le 3ème arrondissement de N’Djaména. « C’est notre journée mais les forces de l’ordre en font la leur », ironise un enseignant.
« Valorisons les enseignants, améliorons leur statut professionnel » , ce thème intervient dans une période de la déperdition de certains États qui se sont versés dans l’armement inouïe de leurs troupes, dans les représailles sauvages pour résoudre les problèmes sociaux, politiques et économiques qui se posent à eux, commente le Secrétaire général de la section de N’Djamena, Blaise Ngartoidé. Selon lui, depuis plus de deux décennies, « l’on assiste à une dévalorisation de la profession enseignante avec tout ce que le système éducatif trimbale entre autres le recrutement d’enseignants non qualifiés, la baisse de niveau, les nominations basées uniquement sur le régionalisme sinon sur des accointances politiques ».
Face la crise sociale qui gangrène notre pays à cause des salaires impayés et le gel des primes et indemnités, les enseignants affirment avec véhémence que la grève doit se poursuivre. « La lutte que nous venons d’entamer s’inscrit dans la durée ; et nous devons nous préparer, nous lever comme un seul homme pour mettre une barrière à l’application de ces mesures machiavéliques, sadiques et inhumaines que le gouvernement dont les membres même sont nos fruits nous font subir », déclare Blaise Ngartoidé. « Nous n’avons jamais été responsables de la gabegie financière et l’on n’a pas le droit de nous faire subir la conséquence d’une gestion nébuleuse dont nous ne sommes pas comptables », prévient-il.
Toutefois, dans une recommandation, le Syndicat des enseignants du Tchad exhorte le gouvernement à plus de responsabilité et exige la levée de la mesure relative au gel des primes et indemnités des enseignants et la suppression de la bourse des étudiants. Pour les syndicats, ces acquis sont intouchables et indiscutable.
Bishop Asnan Non-Doum Saturnin