Affaire Djekounlar Koulanoudji Roland, l’alliance biblique du Tchad annonce une poursuite judiciaire
Le directeur de l’alliance biblique du Tchad, le révérend pasteur Djekounlar Koulanoudji Roland et le président de la Ligue tchadienne des droits de l’homme, Max Louangar ont fait un point de presse conjoint annonçant des poursuites judiciaires pour coups, bavures et humiliation sur le révérend pasteur Djekounlar Koulanoudji Roland.
Suite à un arrêté conjoint du ministère de la sécurité publique et du ministère des transports interdisant toute entrée et sortie dans les principales villes du Tchad à compter du 8 mai 2020, les éléments de forces de l’ordre postés à Gassi ont arrêté et torturé le révérend Djekounlar Koulanoudji Roland le vendredi 08 mai. « Alors que je sortais de chez moi au quartier Gassi pour me rendre à mon lieu de service, j’ai subi des bavures de la part des forces de l’ordre de défense et de sécurité sur ma personne et sur bien d’autres citoyens avec des tirs de balles réelles en l’air », témoigne le pasteur. Il avoue être humilié par les éléments de forces de l’ordre devant ses enfants et, son épouse et ses voisins du quartier. « Ils m’ont mis à genou avant de me rouer de plusieurs coups de chicottes et ce, malgré que je leur ai décliné mon identité de pasteur », a-t-il précisé.
« C’est la pire des choses que je n’ai jamais vécues. Il était mis à genou alors que je criais aux militaires que c’est un homme de Dieu. Pourriez-vous faire la même chose à un imam ? Ils m’ont répondu mara sakit pourquoi tu fais du bruit », témoigne son épouse.
Des bavures que le pasteur trouve intolérable dans une société qui se veut démocratique. « Au nom du conseil d’administration de l’alliance biblique du Tchad, il y’aura une poursuite judiciaire pour coups, bavures et humiliation sur ma personne en tant que premier responsable de cette institution », révèle-t-il.
Se référant à l’histoire du Tchad, le révérend pasteur établi une corrélation entre cette barbarie militaire et le mouvement national pour la révolution culturelle et sociale prôné par le pouvoir d’alors. Plus de 38 pasteurs, évangélistes, diacres ont passé de vie à trépas par une fureur implacable sans un procès quelconque au préalable. « Tant que la justice ne sera pas pour tous et que des innocents seront lésés dans leurs droits, le repli identitaire sera la voie préférée du peuple », martèle-t-il.
Pour le président de la ligue tchadienne des droits de l’homme Max Louangar, « il est temps d’arrêter de prier pour que Dieu donne de la sagesse à nos dirigeants, mais il est aussi temps de prier pour que Dieu sévi lui-même pour faire justice. Car il va de trop ces bavures des droits humains. A partir d’aujourd’hui, plus rien ne sera comme avant, les forces de l’ordre et les autorités écoutent le petit peuple crié sans agir. C’est une injustice terrible et en tant que militant de droit de l’homme, nous ne saurons cautionner. En tant qu’avocat nous serons aux côtés du pasteur pour que cette affaire aboutisse », explique-t-il. Il conclut que « le président est un employé de la République. Si nous acceptons de rester bras croisés pour que les gens nous Malmènent, c’est inadmissible. Au regard de Dieu, même l’insecte vaut un monde. Il faut dénoncer et refuser de se soumettre, car c’est un paravent contre l’arbitraire et l’injustice. Si le problème est Deby il faut qu’il nous le fasse comprendre. On ne peut comprendre qu’une armée ne puisse obéir à son chef. Et le chef ne peut admettre qu’une armée sévisse contre son peuple ».
Bienvenu Daldigué