Ce 11 mars sera célébré à Mongo, le 30ème anniversaire de la création du parti qui gouverne le Tchad depuis décembre 1990. Ce jour de printemps, sous les épineux d’un Ouadis en territoire soudanais, des officiers, politiciens dont le dénominateur commun est la contestation du régime de Hissein Habré ont décidé de créer le Mouvement patriotique du salut (Mps). Avec l’aide de la communauté internationale, le mouvement arrivera au pouvoir neuf mois seulement après sa création avec la promesse de liberté et de démocratie. Mais très vite, l’attelage composé de fortes têtes va connaitre ses premières crises. Ousmane Gam, Djibrine Dassert, Abbas Koty, Maldom Bada Abbas quitteront le navire avec plus ou moins de casses. Certains réintégreront le système, d’autres n’y remettront plus les pieds. Bon an, mal an, le pouvoir Mps, incarné par Idriss Déby Itno se consolide et survit à cinq scrutins et un nombre inconnus de vrai-faux coups d’Etats et rebellions qui se sont soldés par des bains de sang. Il parviendra aussi à récupérer la bande d’Aouzou à l’extrême nord du Tchad, occupée par la Libye, fera jaillir le pétrole, vieux projet datant des années 1960, construira la première raffinerie du pays, augmentera substantiellement le kilométrage des routes bitumées, fera passer de 14 à 23, le nombre d’unités administratives et deviendra pendant ces dernières années le gendarme de la région alors que lui-même n’a pas les moyens de protéger ses propres citoyens à l’intérieur du pays. La liste des réalisations et succès n’est pas exhaustive…
A contrario, malgré la durée du régime et des opportunités qu’aucun chef d’Etat n’a eu à la tête du pays, l’histoire retiendra du pouvoir Mps qu’il a été trempé dans des histoires de faux billets imprimés par des pontes du régime pour inonder le petit émirat du Bahrein. N’Djaména a aussi été pendant plus de dix ans le faiseur de roi en Centrafrique et s’est brouillée avec le Soudan qui l’a accusé d’entretenir une rébellion. Pour l’investisseur étranger qui arrive au Tchad, l’environnement des affaires est des plus délétères malgré l’existence d’un conseil présidentiel pour l’environnement des affaires.
Pendant ce temps, les indicateurs de santé, d’éducation et économiques ont dégringolé. L’élève et l’étudiant Tchadiens ne sont pas les plus compétitifs, la femme tchadienne qui va à la maternité coure de gros risques de mourir en donnant la vie parce que pendant les années fastes, le pouvoir a préféré investir dans la construction des bâtiments (écoles et centre de santé) que la formation des enseignants et personnels de santé qualifiés. Aujourd’hui, ce sont en majorité des volontaires et autres stagiaires qui font tourner les écoles et centres de santé dans le Tchad profond.
Pendant ce temps, les pontes du système, du moins pour ceux qui le peuvent, achètent et bâtissent à l’étranger pour y placer leurs familles. Dans les ambassades de pays comme la France, les Usa, l’Afrique du Sud ou l’Egypte, les demandes de visa ont explosé laissant croire que les plus nantis de ce pays ne croient pas au lendemain. Tel pourrait être dressé le bilan des 30 ans du Mouvement patriotique du salut.
La Rédaction