Avec une cinquantaine de prestations en 2019, il est la relève assurée du slam tchadien. Say Baa enchaine des scènes de slam dans la capitale tchadienne. Que ce soit en français et ou en arabe, l’artiste tient en haleine son public partout où il passe.
A travers des mots et une voix sur la bande sonore, il déclame le quotidien des Tchadiens. Très calme de nature, le jeune slameur Say Baa trouve dans le slam un exutoire, véritable espace d’expression libre mais surtout indépendant. «Le slam est pour moi la liberté dans la pensée, liberté dans l’écriture et dans la déclamation. Il faut d’abord aimer la liberté. C’est aussi partager ses peines, les belles émotions dans ce monde de brutes», précise l’artiste qui vient de descendre d’une scène, dans une salle bondée de monde au centre Don Bosco.
Passionné de la poésie dès le bas-âge, le jeune slameur à l’art de jongler les mots. «L’amour pour le slam m’est venu de ma mère qui aimait la lecture. Et donc, à la maison, nous avons pleins de documents notamment des livres, journaux et bandes dessinées. J’ai commencé à écrire à 13 ans quand je suivais l’émission d’Irène Dembé ’’Tendresse’’ sur Africa no 1. Mais c’est en 2012 que j’ai commencé à écrire véritablement les textes de slam et deux ans plus tard, j’ai commencé avec les premiers enregistrements», se souvient-il.
Il s’engage à inciter les jeunes de la capitale à s’inscrire dans les bibliothèques à travers ses projets ’’Devers et proses’’ et ‘’slam de rue’’ (qui visent à animer des spectacles dans les rues de N’Djaména) et surtout le ’’#je vais aller lire’’ pour encourager les jeunes à aller dans les centres de documentions. «Avec l’avènement des nouvelles technologies, les jeunes deviennent de plus en plus addicts aux réseaux sociaux et ne s’intéressent presque pas à la lecture. D’où l’idée d’essayer une nouvelle approche pour changer la tendance en leur offrant des abonnements», relève-t-il. D’après lui, pour faire le slam, il faut à la base aimer la littérature, la lecture et l’écriture.
Président du collectif slam, une association qui regroupe des jeunes slameurs, il organise des ateliers sur les techniques d’écriture et de déclamation de poésie et des scènes. Il n’imagine pas une vie sans lecture. «En tant que jeune, bon vivant, je n’imagine pas une personne vivre sans la lecture. Il y a beaucoup d’opportunités dans les livres. Non seulement nous pouvons nous auto-former et auto-éduquer à travers les livres, mais nous pouvons voyager dans d’autres contrées pour découvrir la culture et la civilisation des autres. La lecture doit être comme l’air que nous respirons», note-t-il.
Au-delà du slam, Say Baa exerce comme juriste-freelance. «J’ai grandi dans une famille de juristes et dès le bas-âge, je rêvais de faire le droit. Je crois que le droit et le slam me vont très bien, car je travaille comme juriste freelance. Mais parallèlement, je prends du bon temps en déclamant sur scènes», complète-t-il.
Discret, il préfère surprendre que de dévoiler ses objectifs. «Quand on promet des choses, des gens s’en souviennent. Sinon, je profite de la vie, de cette chance de faire des scènes et de donner le meilleur de moi à chaque instant pour être encore meilleur que ce que je suis», relève Say Baa.
Stanyslas Asnan