Le collectif des avocats du directeur de publication du journal Salam Info, Martin Inoua Doulguet ont animé une conférence de presse ce jeudi, 23 janvier 2020 à l’hôtel Cosmos, pour dénoncer des pratiques qui entravent le droit de défense de leur client.
« Nous entendons dénoncer les pratiques malsaines qui continuent et prendre à témoin l’opinion publique nationale et internationale sur ce qui se trame dans cette affaire », a introduit Me Ndilyam Mouadjimtog. En effet, les avocats de Inoua Doulguet ont interjeté appel de la décision du tribunal le 25 septembre 2019, soit deux jours après le verdict. Il a fallu attendre quatre mois avant que le dossier ne monte à la Cour d’appel de N’Djaména. Orienté à la 4ème Chambre correctionnelle de la Cour d’appel de N’Djaména et programmé pour l’audience du 9 janvier 2020, le dossier n’a pu être appelé à cause de l’indisponibilité des juges, et toutes les affaires inscrites au rôle ont été renvoyées à l’audience du 23 janvier 2020. Alors que le dossier devait être enrôlé pour l’audience en cette date du 23 janvier 2020, les avocats du prévenu étaient surpris d’apprendre qu’il a été retiré de la 4ème Chambre correctionnelle initialement saisie pour être confiée à une chambre spéciale où siégera le procureur général et le président de la Cour d’appel. « En quoi l’affaire Inoua est spéciale au point d’être confiée à une chambre réservée pour trancher certaines affaires… », s’interroge Me Gouara Olivier. « Quand on retire un dossier d’une chambre pour le confier à une autre, il y a suspicion, l’affaire Inoua Doulguet est politisée », clame Me Koudé Mbaïnaïssem.
L’avocat français, Me Emmanuel Ravanas, commis pour défendre Inoua et qui voulait venir défendre sa cause a vu refusé sa demande de visa d’entrer au Tchad par l’Ambassade du Tchad en France au motif que celui-ci ne détient pas une invitation du ministère de la justice du Tchad. Il a pu fouler le sol tchadien grâce à un visa diplomatique. Pour les conseils, ce motif ne peut tenir puisqu’il ne s’agit pas d’une affaire d’Etat et que d’ailleurs, la Constitution du Tchad et les différentes conventions des droits de l’homme ratifiées par le Tchad, reconnaissent à tout citoyen, le droit de bénéficier d’un procès équitable et du droit à la défense.
Me Ravanas quant à lui trouve que ce dossier ne tient pas débout, qu’il est monté d’une manière abracadabrantesque et qu’il s’engage pleinement pour que justice soit rendue au prévenu journaliste.
En rappel, le Tribunal de grande instance de N’Djaména a condamné en date du 23 septembre 2019 Martin Inoua Doulgué, directeur de publication du journal Salam Info et Boukar Koyon pour des délits de diffamation, d’associations des malfaiteurs informatiques et de dénonciation calomnieuse. En répression, Inoua a été condamné à trois ans d’emprisonnement ferme.
Guidjindandi Djono