Alors que se clôturait à Bongor les assises devant renouveler le bureau de l’Union des journalistes tchadiens (Ujt), notre consœur, Angal Toclock, reporter à la télévision nationale se faisait brièvement embastiller à Moundou sur ordre d’un administrateur qui a peu goutté qu’elle ne se leva à son arrivée à une cérémonie qu’il devait présider. Malgré ses explications sur la neutralité du journaliste qui ne l’oblige à faire déférence de la sorte aux autorités, notre consœur a été humiliée avant d’être relâchée. L’incident a fait un tollé sur la toile. De nombreux confrères se sont indignés. Mais pas un mot de la part de l’Ujt sur ce qui est manifestement une violation de la profession. Telle est et a été l’organisation chargée de la défense des intérêts moraux et matériels de la profession ces dernières années. Surtout depuis qu’à la faveur du boom pétrolier, le pouvoir a été bien inspiré, comme il l’a fait avec les autres composantes de la société civile, d’arroser à coup de millions de francs Cfa dévalués l’union.
Il n’en faut pas plus pour déclencher des conflits. Chose normale quand on connait le niveau de précarité au sein de la profession. La guerre autour des intérêts a fini par créer un schisme entre confrères et une amorce de la descente vers les abysses. Les journalistes sont désormais gérés par des individus étrangers à la profession et sans référence. Le tout manipulé par des autorités contentes d’avoir dévoyé un corps qu’il n’a aucun intérêt à voir soudé et concentré par exemple sur l’amélioration de ses conditions d’exercice. En cela, il a été utilement aidé par des ’’doyens’’ que la longévité dans la profession a aidé en engranger plus d’aigreur que de sagesse.
Résultat: le statut des journalistes est dévalorisé au point où le reporter est au yeux de l’opinion un vulgaire individu obligé de servir le dessein des plus nantis pour tirer sa pitance (ce qui du reste est vrai); la maison des médias, lieu de retrouvailles pour échanger sur les problèmes qui entravent le bon fonctionnement de la profession est devenue un nid d’espions et un repère des désœuvrés refugiés dans le corps. Selon des confrères ayant fait le déplacement de Bongor, c’est cette cohorte qui a constitué une frange importante du corps électoral.
Pour nous, point d’animosité à l’égard de l’équipe d’Abass Mahmoud Tahir. Il reste néanmoins qu’il se pose à elle comme à l’équipe qui l’a précédé un vrai problème de légitimité à représenter la profession. Elle n’est pas la seule comptable d’une situation qu’elle a du reste, héritée et qui a été mal gérée. Une chose est sure, l’Ujt n’est plus représentative de tous les journalistes et son récent passif ne lui en donne plus la légitimité. Reste à l’euthanasier.
La Rédaction