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Les avocats Tokama Kemaye appellent la justice à statuer sur son cas

Les avocats Tokama Kemaye appellent la justice à statuer sur son cas 1

Lors d’un point de presse à la Maison des médias du Tchad ce samedi 11 janvier 2020, les avocats de l’activiste Tokama Kemaye exigent le traitement du dossier de leur client. Pour eux, la solution à cette affaire est politique et non judiciaire.

Placé sous mandat de dépôt depuis le 9 mai 2019 pour ’’complicité d’atteinte à l’ordre constitutionnel’’, l’activiste des droits humains, Tokama Kemaye attend toujours à être situé par la justice tchadienne. Pour ses conseils, l’affaire prend du plomb dans l’ail. « L’instruction a eu lieu et notre client a été entendu de même que des témoins. Suite à la confrontation, nous avons introduit une demande de mise en liberté provisoire qui a été malheureusement rejetée », précise Me Max Roalngar, l’un des conseils de la défense.

Depuis lors, relève l’avocat, le dossier a été transmis au Procureur pour suite à donner. « Nous espérons que la chambre d’accusation va programmer ce dossier », se console l’avocat qui annonce : « nous aurons l’opportunité de défendre le dossier devant la chambre d’accusation pour que notre client soit libéré ou que le dossier soit envoyé devant le tribunal pour le jugement ». Pour Me Max Roalngar, « si l’on consent simplement un tant soit peu à analyser les faits de cette affaire avec objectivité et lucidité, l’on ne comprendrait pas qu’un jeune comme lui, diplômé sans emploi, reconvertit dans un métier pour la survie de sa famille, tout en prenant une part active dans le débat démocratique (activisme) soit traité de la sorte ».

Sur l’accusation, le conseil estime que si c’est vrai que son client a été nommé par un mouvement rebelle, il n’a ni accusé réception de cette décision de nomination qui lui a été transmise par internet et moins encore, il ne l’a agréé. « Comme tel, tout ce que nous retenons de lui, c’est son activisme. C’est d’ailleurs à l’une des occasions relatives à cet activisme qu’il a été arrêté. Qu’on veille étouffer la voix des jeunes est une chose ; trouver d’autres arguments pour les maintenir dans l’obscurité est inadmissible », martèle Max Roalngar.

Pour Me Frederick Nanadjingué, l’activiste des droits de l’homme Kemaye Tokama, diplômé d’un Master en management et gestion de projet est le reflet d’une grande frange de la jeunesse tchadienne complètement désœuvrée et désemparée face aux vicissitudes de la vie. « Par concours de circonstance, une connaissance à son défunt père qui se trouve être porte-parole d’un mouvement armé lui a envoyé un courrier dans sa boite e-mail. Il s’agit de sa nomination comme membre de ce mouvement. Ayant reçu cet email et imprégné de la situation sécuritaire de notre pays, il ne l’a aucunement dénoncé mais toutefois, il n’a aucunement apporté son assentiment, ni agrée la réception du courrier contenu dans l’e-mail », ajoute-t-il.

Pour lui, la procédure prend de plomb dans l’aile. « Elle n’avance pas depuis qu’il est en détention. Son pêché, c’est le seul fait d’avoir reçu dans sa boite e-mail ledit courrier ». Pour lui, l’infraction a une connotation politique. « En ce moment où les autorités politiques fournissent des efforts dans le sens de la décrispation du climat social, il serait bienvenu de traiter le cas Kemaye Tokama, car la solution dans cette affaire est politique et non judiciaire. Sa place n’est pas à la maison d’arrêt, mais plutôt sur le marché de la recherche d’emploi ».

Stanyslas Asnan