Dans une déclaration commune, plusieurs organisations de la société civile africaines, des activistes, bloggeurs et personnalités constituées des anciens ministres et écrivains se sont indignés de la convocation des chefs d’Etat du G5 Sahel par le président français Emmanuel Macron au sujet du sentiment antifrançais. Ils dénoncent une attitude arrogante du président français et appellent les chefs d’Etat du G5 à ne pas se rendre à Pau le 16 décembre prochain.
L’appel à la redéfinition des rapports entre la France et les pays du G5 Sahel lancé par le locataire de l’Elysée lors du sommet de l’Otan à Londres le 4 décembre dernier passe mal au sein de l’élite africaine. Dans une déclaration commune, plusieurs organisations de la société civile, des activistes, bloggeurs, universitaires et écrivains ont déploré « une attitude arrogante et un manque de respect » du chef de l’Etat français Emmanuel Macron vis-à-vis des chefs d’Etat africains du G5 Sahel. « L’opinion publique africaine a été choquée et outrée par le ton des propos et par la manière dont le président français s’est adressé à ceux qu’il aurait dû considérer comme ses pairs. Nous condamnons cette attitude arrogante que nous percevons comme un manque de respect vis-à-vis des chefs d’Etat des pays cités et de leurs peuples », écrivent entre autres, Koulsy Lamoko, Boubacar Boris Diop ou encore Didier Awadi.
Ils réitèrent leur appel à « l’abolition des relations néocoloniales entre la France et ses anciennes colonies à travers le franc Cfa, les accords économiques et financiers léonins, les accords de défenses iniques, le soutien aux régimes dictatoriaux et la présence de troupes françaises sur le continent » en appelant les chefs d’Etat du G5 (Burkina Faso, Mali, Mauritanie, Niger et Tchad) à ne pas se rendre à Pau le 16 décembre prochain.
« Aux chefs d’Etats du G5 Sahel, nous leur recommandons de se concerter dans les meilleurs délais en vue de préparer une réponse commune à l’interpellation du président de la République française. A ceux de la Cédeao, nous leur demandons l’organisation, dans les meilleurs délais, d’un sommet des chefs d’Etat afin de dégager des mesures effectives permettant la restauration de la paix dans le Sahel et la relève des troupes françaises », ajoutent-t-ils. Ces élites invitent l’Union Africaine à s’engager aux côtés des Etats du G5 Sahel pour le maintien de la sécurité et de la paix dans la zone.
« Nous demandons aux chefs d’Etat de mettre en place, avec les experts africains, universitaires, militaires, organisations de la société civile, etc., une stratégie de sortie de la France du dispositif sécuritaire dans le Sahel et sur les implications de cette sortie dans d’autres secteurs, notamment la politique monétaire (le franc Cfa), l’exploitation des ressources naturelles, la stabilité institutionnelle, etc. Aux Nations Unies, et aux organisations internationales des droits de l’homme, nous demandons une mission spéciale d’observation au Sahel pour évaluer la présence de la France dans la zone», exhortent-ils.
Stanyslas Asnan