Edito

 Tchad/Soudan : comme un vieux couple

 Tchad/Soudan : comme un vieux couple 1

C’est une ritournelle qui date de plus de 60 ans comme le dit le ministère des affaires étrangères dans son communiqué en réponse aux menaces du commandant des forces soudanaises.

En 1966, quelques années seulement après les indépendances, le Soudan abrite à Nyala le congrès fondateur du Front de libération du Tchad (Frolinat) acteur majeur de l’instabilité depuis plus de quarante ans.

C’est aussi à Khartoum que fut signé l’accord qui a permis à Hissein Habré de rentrer à N’Djaména comme Premier ministre. Les désaccords autour de l’application de ces accords finira par l’éclatement de la guerre civile de 1979…

En mars 1990, c’est aussi à Bamina, dans le Darfour soudanais que se tint le congrès fondateur du Mps qui balayera quelques mois plus tard la dictature de Hissein Habré.

Quinze ans plus tard, c’est du Darfour que partiront les colonnes des mouvements rebelles dirigés par Yaya Dillo, Mahamat Nour Abdelkérim, Timame Erdimi et Mahamat Nouri Allatchi pour endeuiller le Tchad sans parvenir à faire tomber Idriss Déby Itno dont le régime a vacillé en février 2008.

Près de 20 ans plus tard, alors que Déby fils a succédé au père, c’est au Soudan d’accuser le Tchad d’ingérence dans la guerre qui oppose les généraux Al Bouran et Hemeti.

Cité dans plusieurs rapports comme étant un grand soutien de Hemeti dans la guerre qui secoue le Soudan, le Tchad a joué un rôle important dans l’armement des Forces de soutien rapide, une milice en conflit avec l’armée régulière soudanaise. L’aéroport d’Amdjarass a servi aux Emirats Arabes-unis d’approvisionner les forces de Hemeti.

Bien que le Tchad a nié toute implication et clamé sa neutralité dans ce conflit soudano-soudanais, les preuves présentées dans une lettre adressée aux Nations-unis le 11 décembre 2024 par le représentant du Soudan auprès de cette organisation, l’accable. « Les éléments de preuve que nous possédons attestent du déploiement de drones et de matériel militaire de pointe, fournis par les Émirats arabes unis et le Tchad en vue de lancer des attaques délibérées et systématiques contre le territoire, les villes et les foyers de population du Soudan. Ces attaques ont causé des dégâts considérables et provoqué la mort tragique de milliers d’innocents. », a écrit Al-Harith Idriss Al-Harith (lire indiscret Le Pays 279).

Aujourd’hui, le Tchad est menacé par un général de l’armée soudanaise. Une conséquence directe de son implication tacite dans cette guerre inter-soudanais. « Nous allons remporter une victoire très bientôt et nous avertissons le Président tchadien Mahamat kaka que les aéroports de N’Djamena et d’Amdjarass sont des cibles légitimes de nos forces », a menacé dans une vidéo Yasser Al-Atta

Le gouvernement a pris acte avec « gravité et sérénité » cette déclaration. Même si l’hypothèse d’une guerre ouverte est mince, il n’y a rien de rassurant surtout que l’environnement régional reste fortement conflictuogène.

Au vu de la fragilité politique du pouvoir à cause d’un défaut de légitimité populaire, l’intelligence politique doit être de mise pour sauver la patrie qui navigue depuis des années au milieu d’un marigot de conflits.

La Rédaction