Annoncée le 20 novembre 2022 par le Président de transition, la gratuité de la délivrance de la Carte nationale d’identité pour une période de 6 mois est un véritable casse-tête pour les demandeurs. Entre arnaques et négociations, les citoyens ne savent à quel saint se vouer.
Dans cette matinée froide de ce lundi 06 février, une foule prend d’assaut le centre d’accueil des usagers du 5ème arrondissement situé au gouvernorat de N’Djamena. Certains assis sur leurs engins, d’autres à même le sol attendent l’arrivée du personnel de l’Agence nationale des titres sécurisés (Anats). Dans la foule, les démarcheurs proposent leurs services qui varient de 7000f à 10.000f. « Vous êtes venus pour faire la carte d’identité nationale ? Si oui, donnez 10000f, j’ai des gens-là, je vous amène ils vous enrôlent et je vous appelle dans une semaine pour venir retirer votre carte », propose un démarcheur. A quelques pas de lui, un autre présente le même service à Miriam. « Il m’a demandé un 10000f, pour me faire passer sans être dans le rang comme les autres et m’a promis que j’aurais ma carte dans une semaine », révèle Miriam.
En plus de l’arnaque des démarcheurs dans les centres d’accueil des usagers en complicité avec certains agents de l’Agence nationale des titres sécurisés (Anats), les citoyens demandeurs de la délivrance de la Cni dénoncent la lenteur de l’enrôlement. « J’ai été programmé le lundi passé mais, jusque-là, je ne suis pas enrôlé et j’ignore la raison », se plaint Gapili avant d’ajouter que, « dans ce centre, pour avoir les formulaires à remplir, il faut donner 500f à 1000f ».
Négocier, solution alternative
Si certains se lamentent de l’arnaque qui se fait dans les bureaux, d’autres par contre trouvent mieux de gérer le processus avec ces démarcheurs car disent-ils, sont plus fiables. « Avec eux c’est plus facile et tu es sûr d’avoir ta carte à temps. Il suffit de les glisser quelque chose et tout se passe très vite. Tout se fait par les antennes de responsables qui sont à l’externe », explique Mahamat Ali.
Quant à Jeanne qui souhaite avoir sa carte d’ici 2 jours, elle a dû payer 20 000 f aux démarcheurs pour avoir sa carte. « C’était une urgence, je suis retenue pour un emploi et l’organisation m’a demandé en plus d’autres papiers ma Cni que je n’avais pas. Heureusement qu’ils étaient là, une fois l’argent remis ça n’a pas trainé et je ne regrette rien », déclare-t-elle satisfaite.
Au centre d’accueil du 6ème arrondissement par contre, la notion de gratuité semble être suivie à la lettre. Certains citoyens rencontrés affirment s’être enrôlés gratuitement à part le test du groupe sanguin. « Je viens d’être enrôlé sans payer même 5 f, à part les 2500f pour le groupe sanguin », raconte Koulah à sa sortie.
Dans une interview accordée à N’Djam Post, le directeur général de l’Anats Mahamat Oumar Kessou, informe que, pour formaliser la gratuité dans son institution, les dispositions nécessaires ont été prises pour permettre aux demandeurs de venir dans les centres et avoir facilement la Cni. « Nous avons pris beaucoup de dispositions. Nous avons mis des moyens supplémentaires a leurs dispositions, renforcer nos équipes, nos équipements informatiques et nous veillons jour et nuit pour que la gratuité soit effective. Pour cette période, nous avons enregistré 15 000 citoyens par jour et en termes de production de cartes c’est plus de 5000 cartes en 8h que nous produisons », dit-il.
Lobey Bab Sidick
