Grand défis sanitaire auquel le pays fait face, la malnutrition infantile a atteint en 2021 au Tchad le seuil préoccupant de 10% d’après une enquête menée par le ministère de la santé publique et de la prévention et du fonds des nations unies pour l’enfance (Unicef). A N’Djamena ou la situation est particulièrement peu clémente, certains structures sanitaires accueillent et prennent en charge les enfants en situation de malnutrition à travers des Unités nutritionnelles ambulatoires (Una). Zoom sur l’Una du centre de santé d’Ambatta I.
Ce 21 novembre 2022, debout devant les hangars entourés de bâches qui abritent l’unité nutritionnelle ambulatoire du centre de santé d’Ambatta I, quartier périphérique de N’Djamena Est, une vingtaine de mères, attendent l’enregistrement de leurs enfants pour une prise en charge. A quelques pas d’elles, couchée sur une natte près de sa maman, la petite Batoul âgé de 8 mois, le corps amaigris, chevelure jaunâtre, visage vieillissant, pieds et bras enflés, présente tous les signes qui ont trait à une malnutrition. « Nous accueillons au quotidien des enfants qui arrivent dans de tels états de faiblesse que parfois, ils ne peuvent plus s’alimenter et même la sonde est une agression pour eux », explique le responsable du centre de santé Dieudonné Kom.
Déambulant dans la cour sous l’œil vigilant de sa mère, Nouba, 14 mois revient de loin. Après un arrêt cardiaque respiratoire, l’enfant a été réanimé au centre il y’a de cela 2 semaines lors de son admission. « Il était atteint d’une malnutrition aiguë sévère par carence en protéine. Après sa réanimation, il a fallu le surveillé toutes les 30 minutes, pendant plusieurs jours. Aujourd’hui, son état est stable, mais son corps est encore meurtri par la maladie. Sa peau présente des lésions à l’aspect de brûlures et il doit récupérer son poids», détaille une infirmière du centre.
Mise en place en 2015 avec l’appui des partenaires Médecins sans frontière et Unicef, l’Una du centre de santé d’AmbattaI accueille et prend en charge les enfants de 6 à 59 mois atteints de malnutrition aiguë et sévère sans complication médicale. Selon le responsable de l’unité Keïta, elle à permis jusqu’à ce jour de prendre en charge des centaines d’enfants malnutris. « Cette année où nous sommes à un état de crise nutritionnelle. La situation est inquiétante. le pic des accueils qui débutait au moment de la période de soudure, (juin à septembre) a commencé un peu plus tôt. Par exemple, juste ce matin nous avons déjà enregistré une soixantaine d’enfants et les mères continuent de venir. Il est à craindre une augmentation des cas », alerte-t-il.
A presque onze heure, dans l’atmosphère pesante des hangars plein à craqué, le personnel médical lance l’activité phare de l’unité , la distribution des suppléments nutritionnels (plumpy’Nut) utilisés dans le cadre de la renutrition des enfants atteints de malnutrition aiguë sévère. « C’est aujourd’hui le seul aliment thérapeutique prêt à l’emploi dédié à la réhabilitation nutritionnelle des enfants de plus de 6 mois », informe Mathilde Chienka, sage-femme en charge de la sensibilisation au sein de l’unité.
Pour la sage-femme, qui privilégie l’allaitement maternelle, « si les mères allaitaient davantage leurs enfants, un grand nombre de cas de malnutrition et de mortalité infantile pourrait être évité ». Malheureusement ajoute-elle, « avec la situation nutritionnelle du pays qui se dégrade depuis la période de soudure, beaucoup de mères, faute d’alimentation suffisante sont elles-mêmes dénutries et peinent à produire un lait nourrissant pour leurs enfants ».
Kedaï Edith