Politique

La réponse de Saleh Kebzabo à Gali Gata Ngoté

La réponse de Saleh Kebzabo à Gali Gata Ngoté 1

Bonjour, Gali,
Tu quoque filii?
Oui, mon fils, jeune Gali comme j’aime à t’appeler affectueusement. Toi aussi? Que t’est-il donc arrivé ? Une mouche t’aurait-elle piqué ou un méchant chien mordu ?
Car entre nous, c’est du béton. Cela devrait l’être en tout cas… quelques images:
Te rappelles-tu un certain jour de début décembre 90 quand, la liberté recouvrée des geôles de la DDS, c’est chez moi que tu es venu directement, amaigri et méconnaissable, au point que certains ont fui devant ce squelette ambulant que tu étais ? Jeanne t’a généreusement ouvert les portes de son cœur et t’a installé. Je devins ton « nounou » qui te lavait et te servait à manger de la soupe pour te donner quelque force. Solide fils d’un militaire sara Kaba, tu as vite récupéré pour reprendre la vie sociale et réintégrer ton domicile après quelques semaines.
Plus tard, tu me fis part de ton souhait de te marier. Vite! Et tu me présentas Yolande, « Yoya », dont je connaissais les parents. Puis, tout se précipita comme tu sais le faire quand tu veux de quelque chose! Je me suis exécuté car mon fils a enfin pris la bonne décision ! Et je t’ai accompagné, j’ai assuré et assumé ce mariage comme un père. J’en suis encore fier car cela était de ma responsabilité devant Dieu.
Tout cela se déroula dans la trame politique qui est ta fibre quotidienne. Tu en as vécu et ne t’en est jamais départi. Nous échangions, fréquemment, toujours et inlassablement quelque fussent les embûches qui pussent nous opposer et que nous dominiions en personnes intelligentes que nous sommes, sans doute toi plus que moi: c’est peut-être cela aussi le secret de cette relation en béton, malgré quelques fêlures qui ont apparu au fil du temps. C’était toute cette agitation politique des années 90 qui pourrait être restituée dans plusieurs tomes si toi-même, moi et d’autres assumions notre devoir de restitution à l’histoire de nos contributions, modestes soient-elles. Est-ce tard?
Puis-je oublier l’épisode, la phase tragi-comique du phacochère ? Mon devoir, celui de tes vrais amis était de te sortir de ce bourbier d’abord et d’en voir les détails plus tard. Je le fis, nous le fîmes avec passion après moult voyages en voiture à Sarh et Moundou. Puis le miracle se produisit le jour où les juges, devant l’Histoire, étaient contraints de dire le droit, bien malgré eux: tu es libre! La salle exiguë des audiences du palais de justice a failli s’écrouler, tellement les clameurs de joie furent immenses ! Une seule fausse note, le juge récalcitrant Deukeunbe Emmanuel, un moundang que je ne connaissais pas, en a écopé une sanction grave, la radiation du corps des magistrats. Je ne sais pas si tu l’as rangé dans les oubliettes de ta courte mémoire, car depuis il broie du noir pour végéter et subvenir à ses besoins familiaux de base. Il vient d’ailleurs de relancer sa requête en réhabilitation avec l’espoir que le vent qui souffle sur le pays pourrait lui être favorable.
Quoi dire de plus? Tu as trempé tes mains dans du cambouis du fond des caniveaux immondes de N’djaména, avec leur puanteur repoussante. Il s’agit ici de morale et non d’odeur !
Toi aussi, Gali, mon fils non! Laisse à d’autres cette tâche immorale et dégradante et laisser prospérer cette relation au soir de nos vies. À nos âges, nous ne devons pas, nous ne devrions pas nous répandre et nous offrir en spectacle. Qu’en pensent Miryam dite Mame, Amira et Hourrah chez toi? Et Tawfiq, Abdoul « Doudou », Hadi et Nanou « Nouchka » chez moi? Et Yoyo et ta chérie Jeanne?
Ces seules évocations suffisent et nous suffisent et sont suffisantes pour clouer le bec à tous ces charognards qui attendent de nous dévorer vivants.
Je ne répondrai donc pas aux allégations inamicales, mensongères et méchantes. Le vent de notre histoire se chargera de les emporter. Très loin.
Toi et moi, nous serons toujours là. Comme toujours.
Tu quoque fili?
NB: sans doute comme toi, je n’ai pas relu ce texte écrit d’un seul trait. Une fausse manœuvre l’a malencontreusement coupé en deux. Pour le reste, face à dans ta cour ou ton salon, à table ou au jardin chez moi, nous en parlerons. Merci