Il y a 13 ans le Tchad dévenait exportateur de pétrole
Il a fallu attendre près de 30 ans pour que les travaux de la construction du pipeline débouchant à Kribi la ville balnéaire située à 300 Km de Yaoundé commencent véritablement fin 2000.
Apres trois ans de construction le Président tchadien Idriss Déby en compagnie de plusieurs de ses homologues parmi lesquels, Denis Sassou Nguesso. Omar Hassan El-Bechir, Mahamadou Tandja, ouvre officiellement les vannes du pétrole de Doba le 10 octobre 2003. Pourtant le brut était vendu déjà sur le marché depuis le 15 juillet de la même année.
La mise en oeuvre de ce projet a entraîné une vague de protestations tant du coté des défenseurs des droits de l’homme que des économistes et écologistes.
Néanmoins, il faut relever que l’exploitation de son pétrole, le Tchad a réussi à augmenter sa croissance économique. Des routes et ponts, des hôpitaux et écoles ont été construits sur les recettes pétrolières.
Mais l’exploitation du brut n’a pas servi à enrayer la misère des Tchadiens. Les populations de la région productrice vivent toujours en dessous du seuil de la pauvreté. 13 ans après, le Tchad est toujours compté parmi les pays les pauvres de la planète malgré la mise en exploitation des autres gisements tels que Badila, de Mangara et de Baobab. Comme un aveu d’échec, le Président de la République, Idriss Déby Itno reconnaitra lui-même le 17 mai 2016 à l’occasion du lancement de la campagne agricole 2016-2017 que « le pétrole, c’est la pauvreté ». Car, depuis près de deux ans, avec la chute du prix de baril, le Tchad fait face à une crise financière assez profonde occasionnant des grognes sociales tous azimuts.
C’est ce contexte très délétère que le gouvernement a pris 16 mesures dites d’ »urgence » pour juguler la crise. Il ordonne entre autres : le gel des primes et indemnités des enseignants et chercheurs, la suppression des bourses des étudiants, des subsides des maîtres communautaires et les allocations des chefs traditionnels ainsi que la réduction à 80% des primes et indemnités des agents de l’Etat.
C’est dans ce contexte que l’Etat tchadien a attrait le consortium ESSO-Petronnas-SHT qui exploite le pétrole de Doba devant la justice pour solliciter le paiement des liquidations douanières. C’est ainsi qu’à l’audience publique de 05 octobre 2016, le Tribunal de Grande Instance de N’Djaména a condamné le Consortium à payer à l’Etat tchadien à 483.611.945.749FCFA au titre de redevances statistiques et plus 44 294 126 527 840 à titre des pénalités. L’annonce de la réduction de la production de pétrole des pays de l’OPEP à Alger dernier pour permettre au prix de baril de remonter est bien accueillie par le Tchad qui subit les séquelles de chute du prix.
Voila la situation dans laquelle se retrouve le Tchad, 13 après la mise en vente du brut des entrailles de Doba.
Asnan Non-Doum Saturnin
