Pour une inclusivité effective
François Louseyni Fall, envoyé spécial du secrétaire général des nations-unies est en visite cette semaine pour une mission de bons offices. En fait, le diplomate onusien ne sera que le relais d’un travail entamé depuis plusieurs mois par des diplomates occidentaux, mais surtout onusiens qui poussent à un dialogue inclusif pour résoudre la crise politique consécutif à la présidentielle d’avril 2016.
L’Onu qui semble avoir entendu les récriminations de l’opposition exhorte depuis des mois à un dialogue politique avec l’organisation de toute élection. Si la question n’avait pas semblé urgente, elle est revenue dans l’agenda après l’annonce, par le chef de l’Etat dans ses vœux de fin d’année de l’organisation des élections législatives au courant de cette année. Elles auraient du se tenir depuis deux ans mais ont été repoussées officiellement en raison de la crise financière qui frappe le pays.
Mais pendant ce temps, le pouvoir a trouvé les ressources nécessaires pour mener des consultations puis préparer un avant-projet de constitution dans la perspective d’un forum sur la réforme des institutions qui aboutira à l’adoption d’une nouvelle constitution par voie parlementaire. Les consultations nous dit-on ont été inclusives. Tout comme le sera le forum. Ce que conteste une bonne partie de l’opposition qui lui dénie sa légitimité à ce processus depuis le début. Aussi, ne croit-elle pas à l’inclusivité du forum annoncé dans quelques semaines dont les contours font monter la grogne, même dans le camp de la majorité.
C’est donc contre un processus contesté, mené par un pouvoir dont la légitimité est encore contestée qui fera l’objet de discussion cette semaine. Mais quelle sera la marge de manœuvre du diplomate onusien face à un pouvoir, sur de son coup et qui n’a pour seule, probable difficulté que le manque de ressources ? Gendarme régional et pas du tout dérangé par une opposition dont la chose la mieux partagée est la division, le pouvoir Déby n’a pour seul inquiétude que la menace d’une insurrection armée qui reste improbable. C’est toute la complexité de l’équation soumis au diplomate Fall.
Coincé par la dette Glencore, le pays a besoin de l’aide international pour continuer à assurer ses charges domestiques. Il aura aussi besoin de la communauté internationale pour la préparation et la tenue des élections législatives. C’est peut-être là que la communauté internationale doit pouvoir plaider la nécessité d’une inclusivité. Idriss DébyItno qui a été élu avec un des scores les plus faibles depuis 1996 et qui essuie des scandales à travers rapports et révélations ne sortira que davantage affaiblit de ce processus qui mènera à une remise à zéro du compteur des mandats à la tête du Tchad. En 2021, Idriss Déby aura passé 31 ans à la tête du Tchad. Il aura à partir de cette date, loisir de s’y maintenir encore 14 ans. Ce sera pour lui, le pire des chemins, lui qui a dit un jour « il ne me reste plus qu’à préparer le Tchad à une alternance démocratique ». Le chemin pour y arriver ? Rétablir le consensus qui a disparu de notre démocratie en construction, depuis des lustres.
La Rédaction