Dans un communiqué daté du 9 décembre 2024, Amnesty International demande aux autorités tchadiennes la libération de 10 proches du leader du Parti Socialiste sans Frontière (Psf) tué, Yaya Dillo Djerou, (acquittés lors d’audiences foraines tenues du 2 au 4 juillet 2024), toujours détenus dans la prison de haute sécurité de Koro Toro .
L’organisation demande également aux autorités de révéler les charges qui ont conduit à la condamnation de 14 autres personnes dans la même affaire, de traiter leurs recours conformément aux obligations nationales et internationales du Tchad en matière de droits humains, et de les transférer dans les centres de détention de N’Djamena conformément à la législation nationale.
Proches du président du Parti Socialiste sans Frontières, Yaya Dillo, les 24 personnes, ont été arrêtées après l’assaut militaire contre le siège du Psf à N’Djamena le 27 février 2024 au cours duquel Yaya Dillo Djerou a été tué. « Ils sont toujours détenus dans des conditions inhumaines ou dégradantes à Koro Toro, à 600 km de la capitale. Parmi eux se trouvent trois mineurs âgés de 16 à 18 ans et plusieurs personnes atteintes de maladies chroniques. Ils n’ont eu aucun contact avec leur famille ni accès à un avocat jusqu’à la première audience du jugement », a indiqué Amnesty International.
Pour Samira Daoud, directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale, garder 10 personnes enfermées dans la prison de Koro Toro malgré leur acquittement est un cas clair de détention arbitraire et une violation du droit national et international en matière de droits humains. « Cela s’inscrit dans le cadre d’une répression constante contre les opposants au Tchad, dans la continuité des événements d’octobre 2022, lorsque des dizaines de manifestants ont été tués et des centaines d’autres arrêtés et détenus à Koro Toro en violation de leurs droits humains. Les autorités tchadiennes doivent mettre fin à la répression des droits humains et veiller au respect des droits humains de tous dans le pays », a-t-elle lancé.
Amnesty International demande aux autorités tchadiennes de veiller à ce que les droits des accusés soient respectés. « Les autorités doivent garantir le droit à un procès équitable et les droits de la défense aux personnes qui ont fait appel de leur condamnation et de leur peine. Elles doivent également être transférées dans les centres de détention de N’Djamena, conformément à la législation nationale », a affirmé Samira Daoud.
Plusieurs autres dirigeants du Psf détenus au secret à N’Djamena
Selon Amnesty International, d’autres membres du Parti Socialiste sans Frontière ont également été prises pour cibles par les autorités tchadiennes. Notamment, le secrétaire général du Psf, Robert Gam, qui a été arrêté en septembre 2024 et est depuis lors détenu au secret et Abakar Torabi, secrétaire général aux finances du Psf , libéré le 20 novembre sans qu’aucune charge n’ait été retenue contre lui, après neuf mois de détention secrète à N’Djamena. « Les autorités doivent libérer Robert Gam à moins qu’il ne soit rapidement inculpé d’une infraction dûment reconnue par le droit international et que ses droits à la défense soient garantis. Les autorités doivent également mettre fin à la pratique de la détention au secret, comme l’exigent leurs obligations légales nationales et internationales », a notifié la directrice régionale d’Amnesty International pour l’Afrique de l’Ouest et l’Afrique centrale.