Edito

Avis de tempête

Avis de tempête 1

Les analystes les plus pointus s’en inquiètent depuis plus d’une année. Ce qui se passe au Soudan aura des répercussions sur le Tchad quelque soit l’issue de la guerre entre les alliés d’hier que sont les généraux Bourhan et Hemeti. Dans le conflit fratricide qui endeuille le grand voisin de l’Est, deux communautés ayant des liens avec le Tchad s’affrontent avec des risques évidents de débordement au Tchad.

Au-delà des liens de cousinages, l’implication du Tchad en tant qu’Etat ne fait plus aucun doute. L’utilisation de l’aéroport d’Amdjarass par les forces d’intervention rapide pour s’approvisionner en armes est documenté par de nombreux rapports. Les loyalistes qui ont peu goutté cet état de fait ont promis de le faire payer au Tchad le moment.

Contrairement au scénario de 2003 quand le Tchad soutenait les rebellions du Darfour, le régime d’aujourd’hui accorde des facilités à une milice qui combat les populations noires de l’Est soudanais parmi lesquels des Zaghawas. Le siège de la ville d’El-Fasher, bastion des Zaghawas depuis plusieurs semaines est source d’inquiétude parce qu’il risque de mettre sur le chemin de l’exil des milliers de nouveaux réfugiés qui n’auront d’autre choix, pour la majorité, que de converger vers le Tchad. Cet afflux qui ne se fera pas sans soubresauts risque de porter sur le territoire le conflit fratricide des voisins.

Cette menace, le pouvoir ne semble pas le prendre au sérieux. A tout le moins, il feint de l’ignorer en jouant avec le feu. Quand on sait les tensions qui prévalent au sein de la haute hiérarchie politico-militaire et la crise de légitimité provoquée par les résultats de la présidentielle du 6 mai 2024, il y’a lieu de s’inquiéter pour le pays au sortir de l’hivernage. Que Dieu prenne le Tchad en garde.

La Rédaction